Ils existent deux types de dérivation biliopancréatique : l’intervention de Scopinaro et le Switch duodénal. Dans ces deux opérations, la malabsorption joue le rôle essentiel. En effet, les aliments rencontrent les sécrétions digestives sur la dernière partie de l’intestin grêle (environs 50-100 cm) où se réalise l’essentiel de l’absorption des aliments. De ce fait, une partie significative des aliments n’est pas réabsorbée et passe directement dans le gros intestin ce qui est responsable de l’élimination de selles abondantes. La dérivation biliopancréatique est une intervention chirurgicale particulièrement indiquée chez les patients super-obèses (IMC>50).
Intervention de Scopinaro
L’intervention porte le nom du chirurgien qui l’a réalisée et décrite pour la première fois à Gène en 1979. Elle débute par une gastrectomie distale des 2/3 avec une poche gastrique finale de 200 à 300 cc. Ensuite il est réalisé une cholécystectomie. Une anse jéjunale est sectionnée à 250 cm du caecum et sa partie distale est montée sur l’estomac. Le moignon proximal est suturé à l’iléon distal (suture jéjuno-iléale) à 50 cm du caecum.
Switch duodénal
Le Switch Duodénal correspond à une dérivation bilio-pancréatique avec inversion iléale et c’est une variante technique de l’intervention de Scopinaro décrite par Marceau au Canada en 1990. Cette fois, une gastrectomie en manchon est réalisée avec section au niveau du premier duodénum. Ensuite il est réalisé une section jéjunale à 250 cm de la jonction iléo-cæcale. Le moignon distal est suturé au premier duodénum et le moignon proximal jéjunal à l’iléon distal à 100 cm du caecum. Cette variante permet la préservation du pylore et en conséquence la bonne vidange gastrique en réduisant l’incidence de Dumping Syndrome.
L’intérêt majeur de cette technique est de pouvoir être réalisé en deux opérations effectuées à un an d’intervalle environ : la gastrectomie longitudinale d’abord (dont la naissance de la sleeve comme intervention autonome) et ensuite la dérivation biliopancréatique. Ce qui a l’avantage de diminuer le risque de complications immédiates surtout en cas d’obésité massive (IMC ≥ 60 kg/m²).
Résultats
L’amaigrissement est de 80 % à 90 % de l’excès de poids à 2 ans. Les années suivantes, la perte de poids se maintient dans près de 90 % des cas. En cas de diabète de type 2 on observe une rémission complète dans 95 % des cas et une amélioration dans les autres cas.
Complications
La complexité de l’intervention explique un risque de complications immédiates de 10 à 15 %. Celles-ci associent ceux d’une sleeve gastrectomie et d’une importante malabsorption : fistule digestive, hématome, infection, hémorragie, thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire. A distance le risque de complication est aussi 2 à 3 fois plus élevé qu’après un bypass en Y : hernies internes, perte pondérale excessive avec dénutrition, intolérance (diarrhée).
L’importante malabsorption se traduit par des selles plus fréquentes (3 à 4 par jour voire plus), molles et particulièrement malodorantes. Dans la majorité des cas, celles-ci régressent après une ou plusieurs cures d’antibiotiques. De nombreux patients se plaignent également de l’odeur des gaz et des selles qui souvent posent problème dans la vie quotidienne et la vie sociale.
Cette malabsorption majeure rend aussi nécessaire une stricte surveillance de l’état nutritionnel du patient, des vitamines et des oligoéléments. Les carences vitaminiques et nutritionnelles peuvent entrainer des complications sévères en l’absence de suivi (déficits neurologiques majeurs, troubles neuro-psychologiques, ostéomalacie, etc.).